Visit of the leather dying factory of J.M. Weston in Limoges with HEC Luxe and Creation.
Visit of the leather dying factory of J.M. Weston in Limoges with HEC Luxe and Creation
Article published in 'HEC Hommes et Commerces' magazine - juin 2016

Paris 6h15. Un froid matin d’avril. Gare d’Austerlitz. Tel est le point de départ d’un voyage unique, pour découvrir J.M. Weston, son univers, son histoire et son savoir-faire. Gilles Aulibé, responsable de la relation client chez Weston a été notre guide dans cette quête de l’excellence à la française. Weston se définit à travers le sourcing des matières et les hommes. Ainsi, chez Weston, le savoir-faire se transmet de génération en génération via le compagnonnage et son esprit formateur. Cet esprit se façonne au quotidien, de l’ouvrage en journée, au partage des mets dinatoires. Le sourcing est l’autre pierre angulaire de cette maison créée par Eugène Blanchard il y a plus de cent ans. J.M. Weston c’est aussi l’excellence des matières premières et le soin porté à sa transformation. La découverte de la tannerie est un saut dans le temps. Unique chausseur à posséder sa propre tannerie végétale de cuir à semelle, la manufacture attend que le temps fasse son devoir à Saint-Léonard-de-Noblat, au cœur de la Tannerie Bastin. C’est ici, que la peau deviendra cuir. Cette peau, tendue sur un cadre, passera de bain de tannins en bain de tannins, qui la rendront imputrescible. La peau suit ici un long parcours d’une année, jalonné d’étapes où la nature, le temps et l’artisan œuvrent conjointement.
La Tannerie se distingue par ses méthodes ancestrales de tannage végétal qui confèrent une résistance inégalée au cuir et donnent aux chaussures leur caractère d’exception. Eloge de la lenteur et du geste rare, la Tannerie perpétue un savoir-faire manuel, éloigné de toute mécanique industrielle. Symbole de cet héritage et du temps qui passe, la cheminée de la tannerie est aujourd’hui monument historique.
Notre voyage dans le temps se poursuit avec la découverte de la manufacture. J.M. Weston n’en possède qu’une seule et unique à Limoges qui produit encore aujourd'hui toutes les collections cousues sur semelles cuir, dans le respect du savoir-faire bottier. Une chaussure J.M. Weston est une histoire d’hommes et de femmes de métier: plus de 140 collaborateurs assurent la production dans les ateliers.
Deux mois sont nécessaires à la réalisation d’une paire de chaussures sur lesquelles 150 étapes sont exécutées (découpe de la peau, piqûre de la tige, découpe de la semelle, montage, bichonnage...).
Tout est affaire de détails car tout ce qui ne se voit pas se ressent, tels les fils de coton, les doublures en veau, les contreforts en cuir... et ce pour chaque modèle, qui se décline en 7 largeurs pour chaque demi-mesure, en 160 peaux de différentes fleurs, des plus exotiques aux plus répandues mais toujours avec ce même souci d’excellence et de durabilité.
Une part du savoir-faire de J.M. Weston, ainsi que son nom est l’héritage immédiat d’Eugène Blanchard, fils de bottier qui souhaite partir à la découverte d’autres territoires, d’autres mondes. Eugène Blanchard quitte alors Limoges pendant 3 ans et part s’établir dans la ville de Weston (Etats-Unis), pour parfaire son art et l’enrichir. Il y apprendra une nouvelle manière de façonner des chaussures, notamment la technique du cousu Goodyear, qui permet de ressemeler durablement les chaussures, et donnera à la manufacture familiale une nouvelle ampleur, en la rebaptisant, à son retour en 1902, J.M. Weston.
La vision d’Eugène Blanchard va au-delà de la seule manufacture. Il innove de nouveau en 1922 en ouvrant la première boutique de la maison rue de Courcelles à Paris comme un lieu de rencontre et de vente des chaussures sans intermédiaire. La seconde boutique suivra 10 ans plus tard sur les Champs-Elysées. Weston a depuis étendu son réseau et possède 45 boutiques, dont 8 au Japon, 2e marché de Weston après la France.
Aujourd’hui encore, JM Weston poursuit l’esprit d’Eugène Blanchard : la préservation des savoir-faire d’exception via les actions de la Fondation qui valorise le travail manuel et la création. Les 50 000 formes constituent le patrimoine de la maison sur lesquelles il est possible de créer 3 ou 4 modèles différents. Le «Moc’ Yves Klein », l’une des dernières créations, emblématique de la maison, hommage à ce bleu si profond, porte en elle les valeurs, la vision et le savoir-faire exceptionnel de Weston.
20h16. Paris. Gare d’Austerlitz. Retour à la réalité. Ce voyage dans l’univers Weston nous a conquis. D’aucuns ont exprimé le désir d’entrer dans la famille Weston.
Texte rédigé par Dalila Fraouet (M12)
Illustration Marie-Clémence Leveel